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S'asseoir tout simplement

Le Photographe et le Penseur

Nous connaissons tous la sculpture d’Auguste Rodin, « Le Penseur ». Rarement un artiste a exprimé avec autant de précision les effets physiques de la pensée. Avec Rodin, vous voyez quelqu’un plongé dans ses pensées.

Moins connue est la photo du photographe américain Duane Michals qui, à mon sens, est tout aussi forte.

À 89 ans, Duane Michals est toujours un artiste actif et réalise des photographies qui, de manière astucieuse, donnent à la photographie une dimension poétique que l’on ne voit pas souvent.

Ses images sont simples, émouvantes, drôles, surréalistes, avec un trait d’esprit inhabituel et presque toutes mises en scène. Il a probablement réalisé le plus beau portrait de notre peintre surréaliste René Magritte. Il est également connu pour ses séries de photographies qui relatent chacune une anecdote (féerique).

Sur cette photo, on le voit tenir un livre avec les mots « Je pense à penser », en référence au célèbre « cogito ergo sum » (je pense, donc je suis) de René Descartes qui depuis trois siècle continue à captiver la philosophie occidentale.

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Néanmoins qu’est-ce qui se lit dans cette image ?

Ce qui me frappe le plus est le fait que nous voyons Duane Michals de dos. La pensée a beaucoup à voir avec le dos et les épaules ! Ce que nous avions déjà remarqué avec la sculpture de Rodin. Selon l’activité mentale, le dos est droit ou courbé. Pour ceux qui pratiquent zazen, c’est très évident !

Ce dos avec le bras droit prend beaucoup de place (tout le bas de la photo) et est maintenu très sombre par le pull noir que porte Michals. Le corps a une présence massive. Le contraste avec le fond blanc et la fenêtre ronde ne pouvait pas être plus grand. Une fenêtre qui donne à l’image une ouverture, un regard frais sur un bout de nature.

Un détail intéressant : Michals tient le livre bien droit devant lui. Ce n’est pas la pose typique d’un lecteur. Il souligne ici une fois de plus la verticalité de toute l’attitude. Vis-à-vis de son livre, Michals se tient comme face au mur du mystère de la pensée.

Nous regardons donc par-dessus son épaule ces quelques mots astucieux sur une page. Une page qu’il signe de son nom comme s’il s’agissait d’une affaire très personnelle. Tout à fait drôle ! Duane Michals ne se prend pas du tout au sérieux.

Tout l’image respire légèreté, ironie et enjouement. C’est le symbole d’une idée abstraite mise en scène de façon enfantine : la pensée ne peut être saisie dans une image.

Ou peut-être que oui ?

"Le zen c'est l'art de danser avec toutes les choses."

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